dimanche 19 juillet 2015

RS 1.1

Pierre, je t'écris pour te dire adieu ; je ne vais pas partir ici et maintenant, mais quand tu liras cette lettre, si tu la lis, je ne te reverrai probablement jamais. Je sais que tu n'aimes pas que je te nomme ainsi, non pas que je te fuie, ou que je fuie ton combat contre la maladie, mais une opportunité s'offre à moi. Et moi... Oui, moi, j'ai un choix à faire. Rester sur Terre et dans une certaine constance continuer ma vie et attendre que la planète soit sauvée, ou non, ou partir à bord de ce véhicule pour un horizon inconnu et participer à l'amélioration, ou du moins contribuer à l'amélioration du sort de l'humanité.
Donc, voici venu le jour du choix. Tu m'as toujours dit que je devrais un jour faire un choix et que je ne pourrais pas continuellement aller dans toutes les directions à un rythme effréné, sans but précis. Je me souviens de cette fois où je rentrais du sport après les cours et que je réfléchissais à comment réaliser un kart, tu m'as dis exactement : « Dans la vie, tu fais un choix et tu t'y tiens ; c'est une course d'endurance où, d'échecs en échecs, avec quelques réussites au milieu, tu avances et tu parviens à ton but. Si tu ne fais pas de choix, tu iras dans toutes les directions et, au final, nulle part. ». Ce choix s'est présenté à moi sous la forme de cet appel à volontaires pour une expédition spatiale à la recherche d'un monde viable pour l'humanité.
Aujourd'hui, j'aimerais donner un sens à ma vie ; je ne sais pas quelle est la destination finale de ce voyage. Mais partir pour une aventure où même les plus insignifiantes de mes connaissances et compétences ne seront pas une charge. Et où je pourrai ne plus partir dans un projet sans un objectif réel et utile pour le voyage. J'ai bien conscience que c'est un aller sans retour, et qu'ici je ne te laisse pas la possibilité de répondre mais, si je suis recruté, je retrouverai une unité, une cohérence dans mon être et mon cheminement, qui m'ont tant fait défauts auparavant. Comme si cette opportunité était faite pour moi.
Et si tu veux savoir si j'ai bien pris la mesure des conséquences... Cette lettre d'adieu, en est une preuve, tu me manqueras, la vie sur Terre me manquera, mais mon choix est fait, je partirai, je partirai avec l'espoir de découvrir une chance pour l'humanité ; je partirai avec la peur de ne pas pouvoir revenir en arrière, mais cela me forcera à aller de l'avant. Je partirai avec des inconnus, sans a priori sur mes co-voyageurs, vers un avenir à construire et, là-bas, j'y emmènerai un peu de toi et tout ce que tu m'as enseigné. Papa, je partirai la larme à l'œil et la joie au cœur, mais je partirai.

Ton fils, Jorge.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire